RECHERCHE DE GROUPES
WORLD
NEWS
Home  >  Concerts  >  News  >  News
NEWS

Compte-rendu de la Finale nationale #1 (2ème partie)

Fin de cette première étape nationale à l’issue de laquelle sera désigné, parmi 28 groupes, celui qui partira représenter la France lors de la finale mondiale Emergenza 2014.



Après une première soirée très riche, la veille (lire le compte-rendu), nous étions de retour ce dimanche 15 juin au Bataclan, pour la deuxième partie de la Finale nationale d’Emergenza.



 

Et nous ne vous demanderons pas qui était en retard aux premières notes de Who’s Late : une bonne énergie scénique pour quatuor rock standard. Pourtant la guitare aux sonorités bluesy de Romain Kermorvant intervient souvent comme une deuxième voix, et propose d’intéressant mélange. Les morceaux sont assez complexes dans leur structure mais gardent la plupart du temps une grande cohérence, et des côtés très fédérateurs. Des rythmiques sèches histoire de pouvoir chanter derrière de bons gros ‘yeah ! yeah !’ et le public se fait entendre. Seul petit bémol, les solos qui, systématisés, perdent de leur superbe. Faites naître le précieux de la rareté, vous avez tout à y gagner !

 

Après une très longue introduction, Shimmer fait son apparition. La tension monte, de plus en plus, on attend une explosion… et c’est finalement un morceau mid-tempo qui est joué. La mise en place est un peu approximative et le son assez difficile à appréhender. Mais les choses s’améliorent progressivement : un deuxième titre qui dévoile le vrai registre du chanteur, une montée en puissance avec « Without You », puis le groupe disparaît à nouveau pour ce qui ressemble alors à une véritable entrée en la matière… avant un final hardrock, définitivement ancré dans les eighties. La prestation laisse entrevoir, chez ces rennais, un vrai potentiel mais encore trop mal maîtrisé. L’introduction de nuances apparaît comme essentielle. Changez de setlist mais continuez !

 

A.S.AP. sera sans doute le groupe le plus malchanceux de cette soirée. En effet, à la suite de problèmes techniques importants, le guitariste solo, déstabilisé, aura du mal à se remettre dans son concert. C’est dommage car les chansons dans un registre pop rock sont plutôt fraîches. Quelques ambiances country, des côtés plus britanniques, une ballade en français. Si le groupe doit encore affirmer son identité, on sent dans des formes et des sonorités assez traditionnelles, poindre de vraies subtilités d’écriture. Jérôme et Emilie, les deux chanteurs, restent les deux moteurs de cette formation, et même si quelques harmonisations aux niveaux des voix seraient un plus, leur complémentarité et leur énergie sont un atout majeur. Les autres musiciens devraient s’en inspirer pour atteindre, sur scène, une véritable efficacité.


 

Dès les premières notes, je me dis que j’ai déjà entendu cette chanson… et pour cause il s’agit de « Running » l’un des singles de "Never Mind", premier album d’Electric Moonstone dont je vous ai parlés ici-même, il y a quelques semaines (lire la news). Non contents donc de savoir écrire des chansons rock qui restent en tête (et il en est de même pour « Fire »), le groupe lauréat de la finale nantaise est aussi un vrai groupe de scène. Techniquement rodés, les musiciens donnent une bonne énergie, un groove, les voix sont harmonisées parfois sur trois lignes distinctes, une petite reprise énervée du « Fier et fou de vous » de William Sheller. Nos yeux ne savent plus où regarder et on en vient presque à regretter que le chanteur ne fasse pas plus le show, c’est dire !

 

En rouge et noir, les picards d’Orobboro pratiquent un métal en français des plus énergiques (à s’en casser les baguettes !). Des morceaux à tiroirs avec d’intéressantes ruptures et solos (Christopher Vallée, sera d’ailleurs désigné deuxième meilleur guitariste de cette finale), et quelques atmosphères vraiment inquiétantes. Mais à vouloir chercher l’originalité par la complexité, le groupe nous perd un peu au passage. Le chant a besoin d’être travaillé pour gagner en puissance et en épaisseur, mais il est vrai que musicalement Orobboro semble encore se chercher un peu : un ‘slow’ à la « Sweet Dreams » laisse aussi poindre des accents à la Gaëtan Roussel (Louise Attaque). Si certains membres du jury semblent avoir été séduits par cette partie plus ‘rock français’, je considère au contraire que c’est sur la radicalité qu’il y a un travail à faire, le côté bestial. « Sauvage » qui clôt le set s’inscrit totalement dans cette idée. Une affaire donc à suivre…

 

Resign a du mal à rentrer dans son concert. Approximations techniques, flottement au niveau du rythme, ce n’est que le set avançant que la confiance s’installe. Le déclic intervient avec une très bonne reprise de « Toxic » (Britney Spears). Les guirlandes s’allument et les musiciens également… Un chanteur pas mauvais mais l’écriture des morceaux restent à travailler dans ce rock par trop souvent policé. Les idées sont là mais encore insuffisamment exploitées, comme ce bel arpège dans « Sexting » qui ouvre le champ des possibles… et enfin suivre, en confiance, cette lumière verte.

 

Une fois n’est pas coutume, mais en costume (cravate), c’est un groupe de rap qui va réveiller cette soirée rock. Les Diplomic’, dont nous vous avions parlés il y a quelques mois (lire l’article), entament les hostilités avec du gros son ! Associant turntable et instruments, ils injectent une bonne dose d’énergie brute sans pour autant renier les basiques groove. Il y a beaucoup d’informations à saisir et ça déborde un peu, mais l’ensemble est riche et séduisant. Il faudra néanmoins penser à créer des espaces, des respirations, pour que l’on puisse profiter pleinement des subtilités d’arrangements. Moment sensible « Je la connais » qui prouve que le groupe sait changer de registre, et l’un des chanteurs de montrer qu’à côté d’un bon flow, il a aussi une voix (il sera d’ailleurs primé pour ça). De l’humour enfin avec un morceau en espagnol, ambiance mariachi, sombrero sur la tête. Avec un peu de dérision Les Diplomic’ marquent encore des points, et finissent de nous convaincre !

 

Avec leurs looks de vieux bikers, les musiciens de Mose pourraient animer les soirées des Sons of Anarchy. Mais alors qu’on attendait un rock à la Motörhead, AC/DC voire Deep Purple, le groupe enchaîne les reprises plus soft « The Wall », « Born to be Wild », « LePénitencier/ The House of the Rising Sun », « I Love Rock’n’Roll », « Ça (C'est Vraiment Toi) ». Malgré quelques flottements, l’ensemble s’enchaîne bien, mais manque un peu d’épaisseur. Mose se fait plaisir et il n’y a rien de mal à ça, mais comme le jury note aussi l’originalité et à l’écriture, à moins de faire une vraie relecture de ces morceaux, les groupes se condamnent au bas du classement. On se dit alors qu’il est dommage de pas franchir le cap du songwriting.

 

Boxes nous l’avait prouvé la veille, le talent n’attend pas le nombre des années. Light Up nous le confirme avec, à tout casser, ses 16 ans de moyenne d’âges. Sévissant dans une mouvance rock assez actuelle avec un bon potentiel à danser, ce power trio aux musiciens interchangeables et techniquement aguerris, sait également écrire de très bonnes chansons : d’intelligentes variations, des harmonies vocales impeccables, des nuances, sans jamais perdre en efficacité. On est alors surpris sur chaque titre. Première vraie bonne surprise de la soirée, ces kids ont vraiment du talent et seront donc à suivre de très près…  Mamie peut-être fière !

 

C’est une bonne chose alors de changer de style, mais on sent qu’on a franchi un cap dan la soirée. Le rappeur Sentinel Diego monte sur scène et le niveau de rester excellent. Un rap sur riffs rock, un flow efficace essentiellement dans la langue de Shakespeare, mais aussi une belle voix (« If I Told You »). Le chanteur est escorté d’excellent musiciens, une section rythmique affûtée (PatK sera d’ailleurs désigné meilleur bassiste de cette finale). C’est puissant, les morceaux sont bien écrits (même si on n’aura pas forcément saisi, ce soir en live, toutes les nuances), mais il s’agit bien en tout cas d’une autre vision du rap.

 

Nous avions laissé The Kitchies, il y a plus d’un an avec le EP "Time Square" (lire la chronique), qui proposait un indie rock maîtrisant à la fois mélodies pop et énergie rock dans la lignée de Metronomy, Two Door Cinema Club ou Zulu Winter. Les mois sont passés, les niçois se sont imposés à Marseille lors de la finale régionale et les voici, ce soir, au Bataclan pour s’attaquer au dernier sommet. Une voix qui n’est pas sans évoquer celle de Brian Molko, un bon look de hipsters et on retrouve ces bons petits riffs mélodiques qui sont la marque de fabrique du genre. Pourtant le groupe a gagné en maturité, une écriture plus personnelle sans perdre une once d’énergie. Les morceaux sont rodés, tout le monde est mis à contribution pour les chœurs (y compris le batteur) et, à l’écoute, on a vraiment envie de découvrir "Fan" leur nouveau 4-titres… pour danser encore un peu ! (The Kitchies sera en concert à Paris le 21/06 prochain, Place Gambetta pour la Fête de la musique)



 

Formule atypique pour le Martymusicshow : guitare folk, violon, batterie. Le trio pratique un rock français plutôt festif dont les liens de parenté avec Louise Attaque se font régulièrement sentir. Et c’est là un vrai danger pour ce groupe qui devient plus intéressant lorsque le violoniste s’empare d’une trompette. Des ballades aux accents marins, l’ensemble n’est pas désagréable mais il manque un liant. Le set prend en épaisseur au fil des chansons, une reprise improbable « Melissa ne pleure pas »… des Minikeums, mais on a du mal à ne pas se dire qu’il faudrait quelques musiciens supplémentaires, tant la formule à trois montre ici ses limites.

 

Groupe de pré-quinqua, BIP va remettre les pendules à l’heure et sans pincettes. En effet, arborant tous le même t-shirt au couleur du groupe, ils vont réaliser l’un des sets les plus carrés en cette soirée. Alors qu’à la basse, à la batterie et à la guitare rythmique, Roger, Jean-Michel et Didier assurent un son et un tempo bien lourds et puissants, dans une vraie tradition du hardrock, Sylvain tout en sobriété est pourtant d’une remarquable efficacité en lead. Il ne laissera d’ailleurs pas le jury insensible puisque celui-ci lui décernera le prix du meilleur guitariste. Mais le plus de ce groupe est sans aucun doute Désirée, la chanteuse, dont le timbre pourrait être le pendant féminin de Brian Johnson (AC/DC). Certes nous ne sommes pas en présence d’une chanteuse à voix, et pourtant quelle voix ! Elle est l’interprète qui, tous groupes confondus, se sera le plus investie dans son show. Pas de demi-mesure, pas de délicatesse, on est à fond ! Et le public (de 7 à 77 ans) ne s’y trompe pas ! Alors, quand du balcon, des ballons noirs tombent sur la fausse, il ne faut pas y voir un sombre présage mais bel et bien un affranchissement… une libération !


 

The Link apparaît alors un peu fluet pour clore cette finale. Pas toujours très en place, l’ensemble est plutôt agréable mais s’il manque un peu de cohérence dans la structure des chansons, on n’arrive pas toujours à comprendre où le groupe veut aller. Une reprise des Black Eyed Peas et emballé c’est pesé mademoiselle, le rideau tombe.

 

Suivant le rythme effréné de cette soirée, les résultats se font rapidement connaître : 16e, 15e, 14e… des prix techniques (dont certains ont été évoqués ici)… et puis le podium constitué uniquement de groupes ayant joué ce deuxième soir : 3e – Sentinel Diego, 2nd - Light Up et c’est finalement The Kitchies qui remporte cette première finale française d’Emergenza 2014. Ils accèdent donc à la finale mondiale qui se déroulera les 8, 9 et 10 août en Allemagne lors du Taubertal Festival. Bonne chance donc à eux.

 

Quant à la suite ? Et bien ce sont les 28 et 29 juin prochain, toujours au Bataclan, pour la seconde finale nationale !

 

Matthieu B. Michon


Voici les résultats définitifs de ce premier week-end :

 

01      152         THE KITCHIES

02      148         LIGHT UP

03      131         SENTINEL DIEGO

04      129         BOXES

05      113         LES DIPLOMICS

06      112         ELECTRIC MOONSTONE

07      110         AL PA & PROJEKT T

08      105         BIP

09      102         HEART TO TAKE

10      100         27 ROOFTOPS
11      97          FORGET THE PAST

12      90          OROBBORO

12      90          SHIMMER
13      89          ASAP
14      86          THE SHUTTLES

15      84          DISTANT TRIP

16      68          MOSE