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15
2004août
INTERVIEW A UN MICRO
Je le vois arriver habillé comme toujours élégamment de noir. La tête ornée de croisillons métalliques et sa membrane bien dissimulée dans la capsule.
Tout ceci doit être étrange pour lui, habitué à écouter silencieusement et répéter méticuleusement tout ce qui lui est dit, hurlé chanté et ce qui sort d’une interview.
Pour une fois il nous dira ce qu’il pense.
Il s’installe détendu sur la valisette, une éponge moulée l’entoure et il me semble parfaitement à l’aise. Je commence.
EB – Alors, comment se sont déroulés ces trois jours de concert au Taubertal ?
MIC – Ces trois jours ont été vraiment intenses. Par moments très difficiles, certains chanteurs étaient délicats et d’autres m’ont trimbalé brutalement à gauche et à droite.
EB – Tu as quelques préférences parmis les groupes qui ont joué ?
MIC – J’ai beaucoup aime les groupes allemands et le groupe espagnol de Barcelone. Dommage qu’un des groupes allemand ai eu des problèmes de salivation et m’ai fait une douche pendant tout le concert. Ceci est néanmoins un problème commun que nous essayons de résoudre avec note syndicat.
EB – Tu veux dire qu’il y a des grèves en vue ?
MIC : Certainement, si les chanteurs n’arrêtent pas de nous cracher dessus il faudra bien faire quelque chose.
EB – Comment sont les rapports avec le mixer ?
MIC : En fait jusqu''à il y quelques années nous étions très liés. Nous avions une sorte de cordon ombilical qui nous rapprochait. Depuis que nous fonctionnons avec des ondes radio nos rapports sont plus détachés et professionnels.
EB – Qu’est ce que tu suggérerais à un jeune qui commencerait une carrière dans ton domaine ?
MIC : Il faut que les jeunes comprennent que se faire empoigner pendant des heures par des mains en sueur et subir des cris continuels à de faibles distances n’est pas facile. Nous sommes nombreux à être angoissés par ce continuel bombardement. Il y a bien sur de nombreuses satisfactions, mais au début c’est très dur.
EB – Une dernière question. Comment sont les rapports avec les autres micros ? Le travail est d’équipe ou individuel ?
MIC – Il faut dire la vérité, être un micro est un choix individualiste. Celui qui écoute et suit une guitare ou une basse n’a pas la même visibilité de celui qui est spécialisé dans la voix. Une fois, un de mes collègues de basse s’est aperçu à la fin du concert que l’ampli basse était directement relié au mixer et que tout son travail avait été inutile parce que son canal mixer était éteint. Ce sont des choses qui portent à réfléchir. Je suis content de ne pas être obligé comme certains de mes collègues à rester bloqué pendant des heures sur un pied de micro en face d’une cymbale ou d’une caisse claire. C’est un travail sale et sans dignité.
EB – Merci pour ton temps.
MIC – Merci à toi.