Soyons clairs, sans talent, on ne peut aller nulle part. Aucune nécessité de ressortir les contre-exemples comme les « Spice girl » et compagnie. Combien parmi ceux-là ont vraiment connu une carrière longue et solide ? En outre, nos références sont des groupes issus de la sphère rock où les phénomènes publicitaires, « boys band »ou « télé réalité » n’ont jamais eu une importance fondamentale. Et encore, en admettant que quelque artiste sans talent réussisse, pourquoi devrions-nous prendre le pire comme référence ? Certes, ce fait peut donner de l’espoir à de piètres musiciens, qui, voyant des incapables réussir le samedi soir à 20h à la télévision, se disent pourquoi lui et pas moi ? Mais notre espoir le plus profond c’est que l’objectif de tous soit d’apporter quelque chose de spécial et non de devenir connu car pour cela il y a déjà la star ac’ et le loft. En bref, nous sommes tous d’accord que pour exploser il faut avant tout ce petit quelque chose de plus ou de différent, ce petit quelque chose que nous pouvons appeler talent. Cela dit, essayons de faire un pas en avant. Le fait d’avoir du talent peut, de fait, ne pas suffire. Hormis le talent, les opportunités sont primordiales. Les opportunités, les contacts, les relations et la disponibilité. Concentrons nous sur cet aspect. Un exemple, la semaine dernière, une très belle soirée de demi-finale d’Emergenza à Boston, au mythique Paradise Rock. La salle était pleine à craquer et les huit groupes intéressants, trois voire quatre carrément excellents. Un seul pouvait passer. Le groupe arrivé second n’avait pas du tout démérité. Après le concert, les responsables d’Emergenza discutaient dans la loge de la possibilité d’offrir d’autres opportunités au groupe comme participer au Best of tour ou encore de les programmer sur des showcases en Europe. Les gars du groupe avaient un très bon rapport avec le staff et tout semblait « smooth ». C’est à ce moment que leur manager, un personnage agité et rigolo, d’une cinquantaine d’année et une centaine de kilos , a décidé de rentrer furibard dans le backstage, hurlant que tout ça était une honte et que son groupe aurait dû gagner, agressant au passage (heureusement verbalement seulement) les responsables du festival. A la suite de son petit show, les plus mis en place par Emergenza pour les groupes les plus intéressants (qualifiés ou non) s’étaient envolés pour le groupe. Quel grand manager, toujours là pour les intérêts du groupe ! Ou encore, un autre cas typique, il y a deux semaines, j’étais à Londres, où un groupe a menacé de ne pas joué si l’on ne leur installait pas deux batteries sur scène. Cela aurait pu être une exigence technique compréhensible mais il n’en était rien. Le groupe avait un seul batteur à qui il plaisait scéniquement d’alterner entre deux batteries identiques, accordées de la même façon et comportant exactement les mêmes éléments. Maintenant, il est tout à fait compréhensible que chaque groupe cherche à avoir une particularité, un caractère unique et original mais il peut également essayer d’accepter quelques compromis pour collaborer à l’organisation de son concert. Après plusieurs heures de discussions acides (« vous êtes une organisation de merde, je veux mes deux batteries tout de suite ») le groupe a joué (avec une seule batterie). Résultat, un grand show !! Un responsable d’un gros label anglais appelle le manager d’Emergenza UK quelques jours après pour lui demander des infos sur le groupe, niveau, comportement… Après une (très) brève discussion, le producteur s’est enfui, prenant ses jambes à son coup. Un autre petit souvenir personnel, l’an dernier à Ottawa, une situation un peu similaire. Un groupe vraiment intéressant, retenu sur la compilation canadienne, et pour lequel un accord pour une tournée en Europe était déjà prêt (sur le BEST). À l’occasion de la finale, le groupe n’a pas gagné (décision du jury, chose qui n’aurait en rien compromis la tournée en Europe) et a cru bon d’envoyer aux r