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Live-report Emergenza Nantes by Benoit Billard

Retour sur la finale régionale de Nantes qui s'est déroulée les 20 et 21 avril au Ferrailleur



Short, Rayban sur le nez et mojito à la main... Les rayons du soleil brillent sur la Loire et le Quai des Antilles est d'humeur estivale ! On se surprend même à chercher de l'ombre alors qu'une semaine avant on se plaignait du froid !


Il est bientôt 20h, la terrasse du Ferrailleur est bondée et le public commence à entrer dans le club incontournable de l'Ouest... Entre le concert de The Exploited et une soirée de Warm Up du Hellfest, la salle accueille ce week-end la crème des groupes émergents pour la finale nantaise d'Emergenza, « The World's Biggest Live Band Festival » !


Au menu de cette double soirée : 12 groupes prêts à en découdre pour accéder à la finale nationale prévue en juin au Bataclan. Pour départager tout ce beau monde, le festival compte sur le vote à main levée du public après chaque prestation mais également sur la présence d'un jury constitué de professionnels aguerris : Simon Grumal (batteur et programmateur de concerts à La Scène Michelet), Johan Fortineau (chanteur et régisseur pour de nombreux festivals) et votre serviteur (baroudeur du music business depuis 20 ans, bassiste et chroniqueur pour l'occasion).


J'ai pour habitude de dire qu'à l'inverse du foot, il n'y a qu'une seule division dans la musique : celle de l'excellence ! Notre cerveau mémorise les expériences musicales agréables et lorsqu'un artiste se présente devant nous, il est en concurrence directe avec la dopamine sécrétée dans le passé à l'écoute de Pink Floyd, Prince ou Metallica ! Autant dire que la tâche n'est pas simple aussi bien pour ces groupes amateurs qui tentent de nous tirer des frissons, que pour nos oreilles bien éduquées.


Le côté « live » prend tout son sens dès les premières notes de la soirée, la salle comble mêlée au son compact du système de diffusion, les lumières au poil et la chaleur ambiante font vivre une expérience réellement physique aux spectateurs ! Les murs du Ferrailleur tremblent et l'on commence à distinguer les groupes qui peuvent tirer leur épingle du jeu : la batteuse de Silent Seas montre qu'on peut faire du death metal avec le sourire et apporte un peu de fraîcheur sur scène avec son énergie débordante et ses coups de caisse claire à faire pâlir un bûcheron canadien !


Eclectone fait dans l'originalité : ambiance dark et électrique, tenues de scène futuristes, mélodies de flûte et hymnes électro-rock entêtants au programme ; le concept est ambitieux mais manque encore un peu de maîtrise.


La foule lève les bras et entonne en cœur les refrains punk rock qu'elle connaît déjà lors du set de The Wankers, et pour cause : le groupe a choisi de reprendre le répertoire de Green Day ! Pas sûr que cette stratégie soit la meilleure pour convaincre les jurés cela dit...


Le groupe Turndown s'empare ensuite de la scène et délivre un show hardcore metal digne de grosses machines US, à la fois violent et maîtrisé. Mention spéciale au frontman portugais, véritable locomotive du groupe et élu meilleur chanteur du festival.


Formation plus jeune et plus power-pop dans l'âme, Horizon Mirrors invite un instrument assez rare dans le rock et tente des arrangements au violon par dessus les riffs de guitare du chanteur, très inspiré par Matthew Bellamy de Muse...


La surprise du vendredi n'en est pas vraiment une puisqu'il s'agit des Lorientais de Silence Radio qui ont déjà remporté la finale de Rennes et dont la recette est extrêmement efficace ! Ils terminent la soirée par une prestation quasi professionnelle, le charisme du chanteur est indéniable, et en plus de mettre le public dans sa poche, on notera une technique excellente et de vraies qualités d'écriture. Le guitariste lead n'est pas en reste et remporte le prix du meilleur guitariste.



Même salle, même chaleur ambiante et même communion des corps le lendemain pour accueillir six nouveaux groupes en lice pour la victoire.


Faactice ouvre la danse de manière très théâtrale, à l'image de son chanteur, qui scande ses textes tel un Jacques Brel sous amphets !

Certaines rythmiques hypnotiques fonctionnent bien et nous plongent dans une sorte d'hybride chanson - punk - rock qui fait parfois penser aux Ramoneurs de Menhirs, dommage que les musiciens ne soient ni justes ni en place.


Le côté mise en scène de Faactice fait place à l'authenticité de Side One, power trio rock'n'roll emmené par un chanteur-guitariste génial, qui fait sonner sa SG comme personne, avec un look, une énergie et un charisme en provenance directe des 70's. Leur passage marque tellement les esprits qu'ils finissent en tête du classement du jury.


Gros coup de cœur également pour Olosphere qui subjugue le public par sa maturité scénique et musicale : qualité des compositions, présence et assurance, setlist qui et enchaînements travaillés... Les voix sont justes et aériennes, les textes bien ficelés, une section rythmique solide récompensée par le prix de meilleure bassiste... Les trois complices n'ont pourtant que 12 ans de moyenne d'âge ! De quoi filer des complexes à certains musiciens trentenaires et redonner espoir en la nouvelle génération... Bref, un avenir prometteur pour ce trio !


En milieu de soirée Madema envoie une bonne énergie avec son rock-grunge puissant, mais ne révolutionne pas le style, le chant en anglais est approximatif et l'accordage des guitares en option... Pas vraiment convaincant, surtout avec la claque que nous met Obsidian juste après ! Le groupe, qui navigue entre métal prog, djent et hardcore impressionne par sa technique instrumentale et la rage de son chanteur ! La fosse ne se fait pas prier, les circle pits endiablés s'enchaînent et nous rappellent que Clisson n'est pas très loin...


S'il n'est pas évident de jouer avant Obsidian, il est encore plus compliqué de passer derrière ! Blossom s'offre tout de même le plaisir de fouler la scène encore brûlante et propose un set beaucoup plus calme avec une chanteuse ayant de réelles qualités vocales ; malheureusement, les musiciens sont très en retrait et un peu trop scolaires. Le choix de jouer des reprises sur un tremplin musical n'aide pas non plus à convaincre les jurés...


Pendant les délibérations, les parisiens de L'Atelier (ndlr : finalistes 2017 invités par la prod) viennent délivrer leur rap français de façon convaincante, le flow est bon et les instrus efficaces. Malgré un public très rock, ils sont plutôt bien accueillis par les nantais qui s'impatientent tout de même avant la remise des prix...

Au delà de l'aspect « concours », on retiendra de cette finale la richesse de la scène locale, le bonheur partagé des groupes à l'idée de jouer dans d'aussi bonnes conditions et l'ambiance survoltée dans la salle !


La plupart des artistes sont d'ailleurs très fairplay à l'annonce des résultats et viennent féliciter Side One qui ne s'imaginait pas représenter le grand Ouest en finale nationale ! Et qui sait, peut-être en finale mondiale sur la scène du Taubertal Festival ?! Ne dit-on pas que les bretons sont partout ?!