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Compte-rendu de la Finale nationale #2 (2ème partie)

La deuxième finale nationale d’Emergenza avait lieu les 27 et 28 juin derniers. Retour sur cette dernière soirée qui a permis de désigner un nouveau lauréat parmi 28 groupes !



Deuxième soirée de cette finale Emergenza 2015 qui se passe au Bataclan, et de laquelle sortira le lauréat qui se joindra Casablanca Drivers pour la grande finale mondiale qui se déroulera du 7 au 9 août prochain dans le cadre du Taubertal Festival et qui verra s’affronter une vingtaine de groupes venus non seulement d’un peu toute l’Europe, mais également du Canada, d’Australie, du Japon et cette année de Corée du Sud.


On retrouve dans le jury Martin Jensen (Directeur Général d’Emergenza Scandinavie), le producteur suédois John Strömberg (Spinnup.com, Universal Music Group), le tourneur Anthony Chambon (Alternative Live), Matthieu B. Michon, journaliste spécialisé musique, et en raison de la présence de plusieurs groupes de rap lors de cette finale, Cheeko, leader du groupe Phases Cachées.


 

Même si l’un des membres de The Sidewinders s’essaye une ou deux fois à des parties rappées, c’est plutôt du côté de la pop et du rock que le groupe sévit avec d’entrée de jeu le « Highway to Hell » d’AC/DC. Quelques reprises, quelques compositions, plaisir de jeunesse encore assez brouillon. Une jolie blondinette au chant, mais on ne comprend pas bien le rôle du lead masculin. On aimerait que les deux jouent plus ensemble, harmonisent, se répondent. Mention spéciale néanmoins à la guitariste dont le plaisir à être sur scène est communicatif et pourrait servir de point de départ d’un nouvel âge.

 



Le groupe Eighty & Tag présente de la fusion dans son sens noble : la rencontre du métal et du rap. Un chant bicéphale efficace, un son musclé même si celui-ci gagnerait à une plus grande rigueur. Sur scène, on a tendance à aller plus vite que la musique, l’occupation de l’espace est très désordonnée et les morceaux gagneraient en efficacité avec des ruptures plus marquées. L’ensemble n’en demeure pas moins séduisant, et le dernier morceau montre que le groupe sait se faire percutant : « Take care of rock’n’roll ».

 

Carré, c’est bien l’une des grandes caractéristiques de The Plugs, groupe lauréat de la finale toulousaine. Des titres calibrés, un style à la The Hives, une musique parfois aussi assez proche. Une énergie dépensée sans compter et on comprend très bien comment ils ont pu enflammer le Bikini qui affichait plus que complet. Efficace, le quatuor est sans aucun doute prêt pour les grosses machineries, ne se démontant pas devant un public parisien encore clairsemé, qui réagit pourtant au quart de tour lors de la reprise du « Personnal Jesus » de Depeche Mode. On les préfère néanmoins sur leur propre répertoire.


 

Jeunesse à nouveau avec Donkey’s Shout, dont la pop est marquée par la variété des années 1980. De bonnes lignes mélodiques au clavier, un bassiste qui pourrait grâce à sa mèche faire partir d’Indochine, une guitariste qui assure également les chœurs, des paroles en français et en anglais, un solo de sax, des danseurs, le groupe multiplie les mélanges et on finit par s’y perdre. Il va falloir apprendre à donner une cohérence à cet ensemble pour se doter d’une véritable identité.

 

Un défaut sur lequel a déjà travaillé The Flying Pancakes. Une bonne entrée avec des chœurs, de vraies chansons, « Where is my Mind » de Pixies et surtout une batteuse qui donne un cadre à l’ensemble, prouvant encore une fois cette année que ce sont bien les filles qui mènent la danse en matière de rock. Chacun intervient au micro, mais cela n’est pas préparé et le rythme est cassé, l’intensité diminue. Attention, un spectacle commence dès l’entrée sur scène.


Montée en puissance et ce dès leur arrivée avec The Blackmordia dont le metalcore un peu speed va entraîner la fosse dans ses premiers pogos. Un batteur très solide, un chant scandé pour un ensemble extrêmement puissant. Attention malgré tout aux déplacements sur scène qui sont assez aléatoires, et à la concentration, le genre ne tolère pas les approximations.

 

Petite pause pour faire une remarque générale à l’ensemble des groupes : arrêtez de demander au « Bataclan » comment il va. Le Bataclan va globalement très bien, il sait comment il s’appelle, il est plutôt content d’être là, puisqu’il se compose essentiellement d’amis, de la famille, de collègues, etc. Sollicitez le public que si vous avez vraiment quelque chose à lui demander. Essayez de trouver quelque chose d’original, de personnel, plutôt que de singer les autres : les « jump jump », les walls of death ou Breavehearts (si vous voulez en voir un beau, cliquez ici), les « on se met tous à genou » ont été faits tellement souvent, qu’on n’y prête plus grande attention et au vingtième « ça vaaaaaa, le Baaaataaaaclaaannn » de la soirée, on a juste envie de vous crier « NEXT ! ».


 

Le suivant justement est Stun, un groupe punk qui aime durcir les atmosphères du côté du métal dans une ligne plutôt heavy. Une bassiste, un chanteur-guitariste à la crête bleue. La section rythmique est lourde et bénéficie d’un gros son, et malgré quelques flottements, c’est efficace. Un côté un peu teigneux qui pourrait être encore plus poussé, mais aussi de vraies mélodies, qui sans tomber dans le californien, donnent tout son sens à ce quatuor. La composition est donc à approfondir.

 

Des chansons ? Bitzklit n’a aucun mal à en écrire et enchaîne les singles dans un rock tout à fait actuel. De ces titres qui vous donnent envie de danser avec ses petites guitares afrobeat, et ses ruptures de rythme. Une bonne énergie, un public nombreux, l’ensemble est peut-être encore un peu convenu mais terriblement efficace, donnant le sourire à l’ensemble de la foule, et à « My Daddy So » !

 

C’est capuches rabattues que Sparker et ses sbires montent sur scène. Shaolins du rap, le crew est une véritable machine de guerre, et les gimmicks d’explosion ou de tirs de flingues (un peu cliché) sont là pour nous le rappeler. Massifs et sombres, les premiers titres aux instrus minimalistes et malsains, montrent un univers très intéressant. Malheureusement, on s’en éloigne progressivement au cours du set, pour revenir sur des choses plus conventionnelles. Le manque de rigueur sur scène et les trop nombreuses interactions avec le public, laissent entrevoir une belle marge de progression. En jouant sur le nombre, cette armada montre que bientôt nous n’auront plus d’autre choix que de fuir face à elle (« Faut que tu prennes tes jambes à ton cou ! »). Sans aucun doute l’une des vraies bonnes surprises de cette édition 2015.

 

Ce qu’on aime chez Inside Out c’est son côté humble. Un groupe presque prêt à s’excuser d’être sur scène. Pourtant derrière cette modestie, se cachent sans doute les plus belles ballades de la soirée. Des chansons (je vous invite à écouter « Lola »), au spleen certain, dans la lignée de Keane et Coldplay, et une identité dans la voix que l’on aura plaisir à retrouver dans les prochaines aventures de ces jeunes garçons.

 

Paradoxe quand tu nous tiens… Malgré un nom totalement anecdotique, Naked (et personne n’a crié « à poil ! ») propose les compositions les plus complexes et les plus diversifiés de la soirée. A l’instar des Mr Bunggle ou Fantômas, dans une version plus pop, le groupe est capable de débuter dans un registre proche de celui de William Sheller (mais en anglais), pour terminer sur un titre métal. Si on observe une certaine théâtralité de l’ensemble, qui garde par ailleurs une grande cohérence, on regrette malgré tout que le chanteur ne s’aventure pas à incarner un peu plus de personnages, même s’il ne s’agit pas bien sûr d’aller copier Mike Patton. L’ensemble se révèle extrêmement riche mais demande une attention de tous les instants.


 

Good Life Good Vibes, GLGV pour les intimes, s’empare du mike pour asséner un set très énergique. Même si sur scène, on observe le négatif de Sparker, l’instrumentation est là encore minimaliste et suffocante. En français et en anglais le collectif hip-hop est en pleine orgie de flows, en bonne complémentarité, malheureusement les choses s’embrouillent parfois et on perd en efficacité. A l’instar du Saian Supa Crew, le style et le nombre demandent une précision chirurgicale. Très bonne prestation néanmoins puisque GLGV remportera le prix du meilleur show !

 

Toujours de bonnes vibrations avec le Good Vibes Crew, groupe de reggae qui lorgne parfois sur le ska. Jeune dans sa conception, la mise en place et les thèmes abordés dans les différents titres, l’ensemble n’en demeure pas moins positif dans l’attitude dégagée sur scène. Malheureusement les morceaux vont être à travailler pour donner une épaisseur, une personnalité, peut-être en introduisant un chant supplémentaire, puisque l’intervention d’un featuring sur un des titres à insuffler une vraie énergie. À réfléchir donc.

 

Puis le démon à neuf queues prend possession de l’espace. Sur scène, dans la salle, il n’y a plus que Les Tontons Flingueurs. Meilleur groupe de rap de la soirée, on les connaît pour une seule chose : « faire le taf ». Et ça le fait bien : des flows très complémentaires en mode mitraillette ou plus nonchalants. Sans jamais perdre le rythme, quelques éléments chorégraphiés et autres mises en scène, on voit qu’on est un cran dessus. On aimerait malheureusement aussi voir ce travail de grande précision dans le jeu de scène qui devrait presque être chorégraphié pour éviter que les uns gênent les autres. La fin du show se fait dans un grand bordel, avec une partie du public sur scène : ça slame, ça jump. Avec un peu plus de rigueur, LTF pourrait vraiment devenir un incontournable du genre, pour ne pas dire un poids-lourd.


 

On ne sait pas si Raffut porte ce nom comme référence rugbystique ou sonore, mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’on a à faire à du costaud. Un métal puissant en français qui malgré un guitariste, handicapé par un doigt cassé, n’en demeure pas moins le groupe de métal le plus efficace de cette édition. Un côté bien speed, une version ultra-énergique d’« Antisocial », un chant de combat (« Drapeau ») célébrant l’unité de la nation française par-delà les différences (enfin, si j’ai bien compris). Le show est assuré de tous les côtés, une coiffe indienne, des solos de guitare à la verticale ou derrière la tête (2ème prix technique), Emergenza 2015 ne se termine certes pas dans la finesse, mais dans l’excellence.




À peine le temps pour le jury de monter sur scène que les résultats sont dévoilés alternant classement à rebours et prix technique.  Les Tontons Flingueurs au pied du podium… Bénarès et les lillois de Please Smell Us qui avaient joué la veille à l’Alhambra en trois et en deux, et… remportant cette deuxième finale de l’année les toulousains de The Plugs dont le rock énergique et dansant tentera de convaincre, au mois d’août en Allemagne, un autre jury : celui de la finale mondiale ! Rendez-vous donc au Taubertal Festival pour de nouvelles, enfin plutôt pour la fin de cette grande aventure 2015.

 

Matthieu B. Michon
photos Andéol Demeulenaere



Voici l'ensemble des résultats de la finale :

Classement du Jury
01. The Plugs (Toulouse)
02. Please Smell Us (Lille)
03. Bénarès
04. Les Tontons Flingueurs
05. Faith And Spirit & Electrik Griots (Caen)
06. Afrokan & Positive I Band
07. Good Life Good Vibes
08. Raffut
09. Spleen
10. et 11. Bitzklit, Inside Out
12. à 15. Good Vibes, Stun, Rue de Nancy, Fat Lizard (Corse)

Prix techniques
Meilleur guitariste : Please Smell us
2ème Meilleur guitariste : Raffut
Meilleur bassiste : Benares
2ème meilleur bassiste : Inside Out
Meilleur batteur : Afrokan & Positive I Band
2ème meilleur batteur : Good Vibes
Meilleur Show : Good Life Good Vibes
Meilleur artiste Urbain : Les Tontons Flingueurs
Meilleur(e) Chanteur(se) : Louise (Spleen)