Comme chaque année depuis 2003, le Domaine national de Saint-Cloud accueillait en ce week-end de la fin août le festival Rock en Seine. Trois journées qui affichaient complet et l’organisation d’annoncer un nouveau record de fréquentation : 140.000 festivaliers. Je n’avais pas forcément prévu de suivre cette grosse machinerie malgré quelques têtes d’affiches alléchantes (Queen of the Stone Age, Die Antwoord, The Hives, Thurston Moore…). L’invitation de l’un des partenaires de l’événement finissait par me convaincre et je débarquais sur le site un peu en touriste en ce début de soirée du 23 août.
The Ghost of a Saber Tooth Tiger © Nicolas Joubard
Trop tard pour voir Sean Lennon (fils de John, mais si tu sais bien les Beatles, tout ça…) et la douce fantaisie de son Ghost of a Saber Tooth Tiger, assister au spectacle d’Émilie Simon en compagnie de l’Orchestre nationale d’Île-de-France, pour donner une saveur nouvelle et un peu plus d’ampleur à sa récente "Mue" (lire la chronique), ou les sympathiques et néanmoins très efficaces Cheveu.
Portishead © Nicolas Joubard
Juste à temps pour les premières notes de Portishead, groupe-phare de la scène trip-hop de Bristol qui fête ce mois-ci les 20 ans de son album culte "Dummy" avec un re-pressage anniversaire. « Mysterons », « Sour Time », « Glory Box » comme autant de classiques, offerts ce soir à un public venu en nombre se masser autour de la Grande Scène. Sombre, massif, les musiciens sont sur un rythme de croisière laissant Beth Gibbons et son timbre si caractéristique planer au-dessus du parc. Des sonorités plus agressives tirés de "Third" comme l’offensif « Machine Gun ». L’ensemble est convaincant et bien évidemment impeccablement rodé. On regrettera néanmoins un léger manque d’homogénéité aussi bien dans la setlist que dans l’esthétique vidéo globale, mais finalement assez représentatif de la riche carrière du groupe et cette volonté de constamment créer des choses nouvelles.
Frànçois and The Atlas Mountains © Nicolas Joubard
Tout juste le temps de partir vers la scène Pression Live et de parcourir les longues allées de baraques à junk food et de boissons en tout genre et nous voici devant les festifs Frànçois and The Atlas Mountains, l’une des révélations de cette année 2014. L’ensemble est frais, un rock indé sous influences électronique et tropicale. Le public arbore des loupiotes rouges pour accompagner un set ‘sympathique’ qui donne des fourmis dans les jambes lors qu’il ne tente pas de vous faire partir en transe…
The Prodigy © Nicolas Joubard
Assez hermétique devant la prestation de The Horrors sur la Scène de l’Industrie, je repars vers la scène principale pour assister à la prestation plutôt pathétique de The Prodigy. Si les années 1990 ont fait les riches heures des mancuniens, force est de constater qu’il ne se passe pas grand chose ce soir sur scène. Tous les morceaux se ressemblent, le son est agressif, les beats branchés sur le même cardio… À 40 ans bien tassés, le groupe a perdu de sa superbe et son big beat, à l’origine stimulant, est devenu indigeste, testostéronée… et sacrément déplumée ! C’est donc sans le moindre regret que l’on se précipite pour ce qui va se révéler être LA claque de la soirée.
St. Vincent © Nicolas Joubard
Annie Clark, alias St. Vincent a fait ses classes aux côtés de Sufjan Stevens et au sein de Polyphonic Spree. De cette dernière expérience, elle a sans aucun doute gardé un sens du spectacle et cette envie folle de partager avec le public. Elle qui paraissait encore une jeune femme timide lors de la sortie de son "Marry Me" (et nous étions déjà tout à fait ouvert à cette idée) a gagné en assurance et est devenue au fil des albums une vraie rockstar. Sorte de Prince au féminin, celle-ci absorbe la lumière pour des titres denses et complexes, menant de sa guitare à sept-cordes des musiciens à son entier service. Se donnant sans retenue mais toujours en toute élégance, St. Vincent est hypnotique et terriblement fascinante ! Une vraie leçon de scène à qui voudrait apprendre le métier.
Matthieu B. Michon