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Compte-rendu de la Finale nationale #2 (2ème partie)

La deuxième finale nationale d’Emergenza avait lieu les 28 et 29 juin derniers. Retour sur cette dernière soirée qui a permis de désigner un nouveau lauréat parmi 28 groupes !



De retour au Bataclan en ce dimanche 29 juin, pour assister au dénouement de cette deuxième finale entamée la veille (lire le comte-rendu).


 

Et quoi de mieux pour commencer en ce jour de repos dominical qu’une chorale gospel ? Ils sont plus de vingt sur scène, de tous âges, de toutes origines, en blanc et foulards caribéens. En complet décalage avec ce que l’on voit habituellement sur les scènes Emergenza, Limyè’a joue pleinement sa chance. Le travail vocal est forcément de bon niveau, mais on regrette l’accompagnement à la basse et au clavier. Cette formation aurait tout à gagner d’une orchestration digne de ce nom, et si la chef de chœur exulte « Chante encore plus fort ! », on a envie de voir aussi des nuances dans cette grand messe !

 

C’est au tour de Daniel’s Child, lauréat lors de la récente finale régionale à Toulouse. Un groupe sympathique qui associe dans des compositions indie un chant masculin et féminin. Une belle écriture mais qui a de petites tendances à la dispersion, avec ici ses samples à la Grandaddy, là des envies de faire danser, etc. Les morceaux sont plaisants à l’écoute et évoluent avec d’intéressantes propositions de riffs et de lignes mélodiques, mais tout ça manque de cohérence. On se rend compte finalement du réel potentiel vocal d’Émilie Consolle sur un dernier titre qui prend de faux airs de Goldfrapp (période "Lovely Head") et c’est dommage. Il faut vraiment travailler sur une meilleure répartition des rôles pour gagner en efficacité !

 

Pas évident de définir le style de Cecile, tant le groupe ne semble pas encore très décidé sur l’esthétique à suivre. Une entrée plutôt métal gothique qui met en avant les talents vocaux d’une chanteuse aux cheveux bleus, puis des choses plus folk rock menées par un charismatique chanteur-bassiste. Aux invectivassions du leader, on s’attendrait à ce que ça envoie un peu plus et si globalement les morceaux sont intéressants, l’ensemble reste encore trop en chantier. La chanteuse mériterait des espaces où sa voix pourrait s’épanouir sans avoir à crier. Par ailleurs, les deux guitaristes vont devoir s’affirmer davantage sur scène, si le groupe veut gagner en cohésion, même sans imper !

 

Et voici LE groupe qui pour moi sera la bombe de cette finale : Hell’s Strippers. Lauréat régional à Clermont-Ferrand, le quatuor propose un blues-rock, pour ne pas dire un metal-blues, d’une puissance parfaitement maîtrisée, dans la droite lignée des Black Sabbath, Led Zeppelin ou AC DC (première période). Un batteur-chanteur qui est, malheureusement placé ce soir à l’arrière pour des raisons logistiques, le reste de l’équipe arrivant malgré tout à garder une cohérence dans l’énergie scénique. Techniquement impeccable, le lead assure (du fond) le spectacle. Lui qui remportera le prix du meilleur batteur, a aussi une voix tout bonnement incroyable ! Pas une seconde de répit, les Hells vous prennent aux tripes et ne laisse respirer que pour vous vider une bouteille d’eau sur la tête. Rock’n’roll !

 

Lemon Groove ne compte pas moins de dix musiciens qui s’avancent en jaune et noir pour proposer un set funk groove efficace. Les arrangements de cuivre sont savamment élaborés, constituant le point fort de cette formation mais on regrette le manque de nuances et une prestation scénique qui mériterait d’être plus… orchestré. Chaque musicien est mis en avant lors de traditionnels solos, alors que les talents respectifs pourraient être dégagés dans la structuration même des morceaux, comme dans cette intro sensuelle autour des cuivres ou ce passage minimaliste guitare-trompette. La chanteuse, d’un bon niveau, doit apprendre à se lâcher un peu plus pour qu’un « Sex Bomb » demeure une véritable sex machine !

 

Bien plus jeune, Interloopers va sans doute faire l’un des meilleurs shows de cette soirée (ils auront en tout cas un prix pour cela) avec son punk-rock qui lorgne du côté de la Californie. C’est carré, efficace, avec une sacrée énergie et une écriture de morceaux suffisamment bien pensée pour pouvoir insuffler une dose de hargne supplémentaire en fin de morceau ! Bon bassiste, le chant un brin gueulard est séduisant, d’autant quand qu’il est soutenu par des harmonies vocales mélodieuses. On est moins convaincu par une tentative de partie rappée. Le résultat est teigneux et on attend encore plus de spontanéité pour accueillir le combo dans la cour des grands !

 

Petit problème technique pour YoungMotion qui met sans doute le groupe dans de mauvaises dispositions pour débuter ce concert qui gagnera en épaisseur tout au long de sa prestation. Un rock bilingue mené par un lead séduisant avec de petites intonations à la Brian Molko. Techniquement en place, le set est varié et intelligemment dosé, proposant des morceaux efficaces et nuancés. On regrette malgré tout un certain manque de cohésion sur scène qu’il faudra travailler. Bonne performance néanmoins.

 

Toujours rock, majoritairement en français avec Caprice, (qu’il ne faudra pas confondre avec le groupe d’heavenly voice russe), dans une veine plutôt hard FM. Une bonne présence scénique des musiciens qui donne un côté puissant aux compositions, ainsi que de la chanteuse dont le plaisir à être sur scène est communicatif. Si les chansons se tiennent, celles-ci malheureusement sont assez conventionnelles et le son des guitares assez marqué, pour ne pas dire daté. Il va donc falloir affirmer une identité dans l’écriture de morceaux et faire une réelle recherche dans le choix des effets.

 

L’écriture, ça n’est vraiment pas le problème d’Until Roads End qui enchaîne avec une insolente facilité les titres rock de qualité, dans une veine indie qui n’hésite pas à s’acoquiner à un petit côté punk californien ou à quelques aspirations métallisantes, tout en gardant de vrais refrains (pour ne pas dire des hymnes) pop ! Dans une sobre énergie, une qualité guitaristique indéniable (qui sera primé) et un bon chanteur, le groupe maîtrise haut la main son sujet et donne envie de suivre de près son évolution à venir.

 

Nœud pap’ vissé, bretelles sur les fesses, Smase se lance dans un set sous influence groove reggae. Une intro qui n’en finit pas, l’ambiance par la suite est cool, musicalement carrée, mais peut-être un peu trop… conventionnelle. La guitare sait se faire rock sous la saturation, le chanteur lead reste sous la menace des deux choristes. C’est appliqué et lorsque les cadenas sautent enfin sur l’avant dernier morceau, on se met à croire que quelque chose est possible…

 

Instant fraîcheur avec Camenae, un groupe totalement féminin qui fait une pop folk parfois presque trop girly, mais très agréable. Les chansons sont là, les harmonies vocales bien agencées, mais il reste un important travail à faire au niveau de la maîtrise instrumentale et sur le jeu de scène quasi inexistant. Le sourire de sa chanteuse, Emilie Boulcourt, nous laisse sous le charme mais ne peut malheureusement pas tout faire passer.

 

Musicalement talentueux, techniquement plutôt bien en place, la ligne artistique choisie par Dece Døpe me laisse extrêmement septique. En effet, le groupe donne l’impression d’avoir réuni dans un même projet tout ce qui marche actuellement dans le rock : un côté dansant, des petites guitares afrobeat, des chœurs plus poppy et un chant bien trop calqué sur FAUVE, sans pour autant affirmer une identité propre. Et c’est bien là le problème, si chaque partie se tient dans son genre, l’assemblage de l’ensemble reste extrêmement bancal et les structures un jeu de collages approximatifs. C’est dommage car en digérant ces influences, il y a sans doute moyen d’accoucher de quelque chose de vraiment pertinent et harmonieux…

 

Le moins que l’on puisse dire c’est que SpaceNotes a de la suite dans les idées. Huitième l’an passé lors de sa finale, le groupe s’est replongé dans la composition redéfinissant son projet électro-pop-rock en s’éloignant de son côté progressif. L’ensemble n’est pas inintéressant mais on est toujours dans quelque chose de très pensé, et ce, malgré des effets presque dubstep qui donnent un coup de boost aux morceaux. On a envie de plus de spontanéité, la batterie se fait par boutons interposés et le chanteur, plongé dans un spectacle permanent, avec des gestes à la Jamiroquai, est à cette image. On sent, chez lui, l’envie d’être une rock star, mais attention seulement à ne pas brûler les étapes…

 

Pour finir, funk soul au programme avec Achille’s Family qui fait son apparition capuches sur les visages, entre boxers et moines. Les voiles tombent et la fête peut enfin commencer, car la famille est venue là pour nous faire danser. Ils sont une petite dizaine sur scène, menée de main de maître, à nouveau par un batteur/chanteur, véritable chef d’orchestre de cette joyeuse bande costumée. Ça chante bien, ça joue bien, les choristes accordées, et on s’étonne alors de ce vide laissé sur le devant de la scène. C’est pour mieux nous surprendre avec des danseuses pour une fin en apothéose qui sera récompensé tout simplement par la première place au classement de cette finale.

 

Achille’s Family rejoint donc ainsi The Kitchies, et représentera la France lors de la grande finale mondiale Emergenza 2014 qui se déroulera du 8 au 10 août dans le cadre du Taubertal Festival. Nous reviendrons bien évidemment sur cet événement et les aventures de chacun sur place.


Matthieu B. Michon


Voici les résultats définitifs de ce dernier week-end :


01      151         ACHILLE'S FAMILY

02      147         HELL'S STRIPPERS

03      135         KIDS FROM ATLAS

04      134         SPACENOTES

05      133         SMELLY SMOOTHIE

06      130         UNTIL ROADS END

07      129         MOONSHINE BLAST

08      128         DANIEL’S CHILD

09      122         INTERLOOPERS

10      121         MARY MAD INC

11      112         KICK PARIS

12      108         IMPRESSIONS

12      108         THE QUIDDLERS

14      106         CAMENAE

15      104         YOUNG MOTION

16      079         ZOME

 

Pour patienter avant les résultats, le public a eu le droit au rock costaud de Republic of Rock’n’Roll !