Elles sont loin les riches heures qui ont permis à Yann Tiersen de se faire connaître du grand public : ses albums, "Le Phare" et "L’Absente", et puis surtout en 2001 la bande originale du film de Jean-Pierre Jeunet : « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ». Le musicien breton a continué d’évoluer au fil des collaborations et des années, et si "Infinity" surprendra ceux qui s’étaient arrêtés alors, celui-ci s’inscrit pourtant dans la tendance post-rock que Tiersen suit depuis quelques temps. La fin aérienne de « Lights » suffit à nous le rappeler tant elle s’apparente au travail des islandais de Sigur Rós. Islande où le compositeur a enregistré une partie de cet opus. Sans doute cette île a-t-elle inspirée ces atmosphères oniriques et éthérées. Une poétique que soutient la multitude de langues utilisées (anglais, breton, islandais, féroïen) ou l’accent si caractéristique de l’ex-Arab Strap, Aidan John Moffat. La musique de Tiersen s’imprègne de cordes, d’instruments électriques, de voix et de chœurs, mais aussi de cloches, des crépitements d’un feu de bois (« Slippery Stones »), le son d’un toy piano, comme pour se rappeler que la vie peut naître d’une minuscule étincelle. Le résultat est magique, magnétique, viscéral.

Matthieu B. Michon