Nosfell a longtemps dérouté avec le personnage qu’il s’était construit au fil des années. Nécessaire carapace, protection d’un imaginaire à la fois magique et mystérieux. La mythologie d’un monde, Klokochatzia, dont les contours se dessinaient à même la peau et une langue, le klokobetz, qui hantait ses chansons, un blues mélodique et mystique, dévoilé par ce griot d’une contrée lointaine… Les années ont passé, Nosfell a quitté sa solitude, prenant en assurance et délaissant les artifices pour se dévoiler un peu plus aujourd’hui avec cet "Amour massif". Parler d’amour sans tomber dans la facilité, gardant ce côté complexe et dense, Nosfell fait pourtant poindre une belle sensibilité, la plume toujours subtile. Amour : moteur, catalyseur et paralysant, ou comment se jeter à corps perdu à l’assaut de cette montagne immense, impalpable et mouvante. Entouré du multi-instrumentiste Thibault Frisoni et du batteur Etienne Gaillochet, s’ouvrant à d’autres auteurs (Dominique A et Dick Annegarn), Nosfell est en amour et partage cet état de fait, cet état d’âme… Richement orné et pourtant parlant simple, à notre essence, nos désirs, nos fantasmes. Sombre, lumineux et charnel. Troublant…

Matthieu B. Michon

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Nosfell "Amour massif" (Likadē/Skerzo) – Sortie le 10 mars 2014