Nouvelle égérie de la soul outre-atlantique, Janelle Monáe à tout vouloir contrôler est devenue presque machine (elle raconte d’ailleurs la vie mouvementée d’une androïde en 2719, de Cindy Mayweather). Perfectionniste à l’extrême – il suffit de voir le soin qu’elle porte à sa coiffure et à ses toilettes pour s’en convaincre – elle pourrait s’enfermer dans la froideur d’une production par trop aseptisée par des années de pratiques r’n’b. Pourtant même si certains effets collent aux tendances et défauts du genre, force est de constater la qualité de l’orchestration, la variété des atmosphères et l’énergie employée par la jeune femme. De l’enivrant « Primetime » qui prend de faux airs Pixies version « Where’s my Mind », au survitaminé « Dance Apocalyptic », en passant par le très Golfrapp « Look Into My Eyes » ou le très seventies « It’s code », c’est finalement lorsque la jeune femme regarde dans le passé ou dans d’autres styles musicaux, s’éloignant des chemins ultra-balisés, qu’elle devient impressionnante de maturité et… magique. Reste donc à conserver ce cap de ce conte afro-futuriste pour voir cette "Electric Lady" devenir enfin reine.
Matthieu B. Michon
Janelle Monáe "The Electric Lady" (Bad Boy/Wondaland) - Sortie le 6 septembre 2013