Un piano comme un fantôme lointain, un habillage électronique subtil et plutôt minimaliste, et une voix de crooner androgyne qui pourrait être comparée à celle d’Antony Hegarty, leader d’Antony & the Johnsons. Certes la formule n’est pas nouvelle, le suédois Jay-Jay Johanson qui sortira d’ailleurs un nouvel album à la rentrée l’applique depuis le milieu des années 1990, et certains se rappellerons peut-être également du "Beautiful Demon" de Ben Christophers. Pourtant autant cette même mélancolie électronique est traitée de manière différente et personnelle, car si les autres faisaient échos au trip-hop bristolien, nous sommes ici dans une résurgence de bass music ou de dubstep, absorbée et totalement digérée pour en faire une vibration nouvelle, des rythmes étranges, et donnant naissance à un album à la fois fragile et très assuré. Suffisamment convaincant pour entraîner à ses côtés RZA et Brian Eno. Envoûtant.
Matthieu B. Michon
James Blake "Overgrown" (Mercury) - Sortie le 8 avril 2013