Commençons la semaine en mode ‘vieux con’ avec la critique de ce nouvel album de Daft Punk, attendu comme le Messie, et déjà un succès critique et public. Pourtant s’il y a une qualité musicale certaine dans ce "Random Access Memories", je suis fatigué… Fatigué par ces voix passées au vocoder, fatigué par ces guitares qui sonnent comme un jeu de gameboy, fatigué par ces titres qui semblent avoir voyagé dans le temps pour venir ici, naphtaline seventies, disco funky ramenée à la vie par Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, les Frankenstein de l’électronique, brillants dans leurs costumes à paillette, un peu trop serrés à la braguette. Aussi lorsque les voix non-trafiquées de Giorgio Moroder, Julian Casablancas (The Strokes), Pharell Williams (The Nertunes, N.E.R.D) apparaissent, on ressent comme une bouffée d’air frais dans cet espace confiné. Puis un chant sortie d’un au-delà cinématographique, l’idée inspirée de nos robots frenchy de demander à Paul Williams (rôle de Swan et surtout compositeur du chef d’œuvre de De Palma "Phantom of the Paradise") de prendre le micro sur « Touch » et ses arrangements majestueux, avant de lancer « Get Lucky », single martelé et déjà mille fois parodié. Car c’est bien en sortant de l’électronique, que Daft Punk se renouvelle et montre l’étendue de son talent : écoutez cette entrée de cordes qui ouvrent « Beyong » ou la batterie très rock de « Contact ». "Random Access Memories" est un album intelligent, qui agace autant qu’il impressionne… Peut-être est-ce cela qu’on appelle le génie.
Matthieu B. Michon
Daft Punk "Random Access Memories" (Columbia) - Sortie le 20 mai 2013