Cinq ans après la sortie de "Tchamantché" qui lui a permis de devenir l’une des figures emblématiques de la world music, Rokia Traoré surprend, en étant allée chercher John Parish, l’incontournable et élégant producteur anglais que l’on croise régulièrement aux côtés de PJ Harvey, pour réaliser son cinquième album. Élégant donc, ce "Beautiful Africa" qui fait honneur à la guitare électrique comme passeur indispensable, lien éternel entre rock et blues originel. Une rencontre intense entre tradition et une volonté d’émancipation musicale, ou comment s’affranchir de ses ancêtres et de ses influences. Femme de caractère, Rokia Traoré séduit par son esprit d’ouverture, dévoilant une Afrique, continent en mouvement, de l’ébullition d’une six-cordes abrasive à l’extrême délicatesse d’une berceuse (« N’Teri »), mélopée hypnotique de presque dix minutes, qui nous accompagnera jusqu’au bout de la nuit, en passant par les rythmiques entraînantes de percussions (« Tuit Tuit »). Avec "Beautiful Africa", le temps des griots est révolu et s’ouvre une ère nouvelle, portée par une ambassadrice magnétique… une reine électrique !
Matthieu B. Michon
Rokia Traoré "Beautiful Africa" (Nonesuch) - Sortie le 1er avril 2013
Radio Vinyle #21 avec Rokia Traoré au micro de... par radiofrance