Si ses enfants, Arthur (H.) et Izïa, semblaient avoir repris dignement l’entreprise familiale, c’était sans compter sur l’énergie d’un père qui depuis le milieu année soixante, entre rock et chanson, a marqué de sa patte la création musicale hexagonale. Ainsi à soixante-douze ans, Jacques Higelin sort son dix-neuvième album studio et le moins que l’on puisse dire c’est que l’homme sait toujours manier le verbe. Espiègle et poétique, il retrouve une fraîcheur qu’on avait presque vu disparaître dans les récents "Amor Doloroso" (2006) et "Coup de foudre" (2010). Pourtant Higelin ne s’est jamais laissé dicté quoique ce soit. Esprit libre, feu-follet des mots, le cheveu ébouriffé, l’œil qui pétille et l’âme sensible, qui en un même et "Beau repère" vous fait danser, rire et pleurer (« Pour une fois »). Higelin, comme un regard profond en nous, une perception juste de l’autre, nous balade au fil des émotions, seul ou le temps d’un duo avec Sandrine Bonnaire (« Duo d’anges heureux »). Piano-piano, en compagnie de la fée électrique ou de la délicatesse du violoncelle de Sonia Wieder-Atherton (« Château de sable »), des « Rendez-vous en gare d’Angoulême » qui nous rappellent les belles heures de "Tombé du ciel" (1988), Higelin c’est « La Joie de vivre », tout simplement ivre…
Matthieu B. Michon
Jacques Higelin "Beau repaire" (Jive Epic) - Sortie le 26 mars 2013