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LIGEH MONEH - Paroles d’homme [interview]

Rencontre avec ce rapper francilien qui, en compagnie de ses musiciens, fait vibrer les compteurs d’Emergenza 2013 sur l’ensemble des premiers tours.



Le 1er février dernier au Gibus, Ligeh Moneh et sa Bande2fous réalisaient le meilleur score de la saison au premier tour. Il n’en fallait pas plus pour nous donner envie de lui laisser la parole le temps de cette interview.

 

Peux-tu nous présenter ton projet en quelques mots ?

Aujourd'hui je prépare un 2e opus et une mixtape avec mon acolyte MOH. Fort d'une première expérience en autoproduction, j’aimerais cette fois sortir dans les conditions les meilleures. En même temps je continu de défendre mon 1er album, "Paroles d'homme", qui n'a pas encore révélé toutes ses promesses.

 

On a parfois l’impression en ce moment que le rap français tourne un peu rond. Tu penses qu’il a encore quelque chose à dire ?

C'est en effet une impression qu'on peut avoir par rapport à ce qui se passe en surface. Ce rap français, c'est celui que les médias les plus influents veulent bien diffuser pour l'instant. Mais je trouve qu'il y a, quand même, des trucs intéressants. Il y a de vraies pépites au fond de la mine, il suffit de creuser un peu. Le rap est une musique riche, et qui évolue. C'est une musique de révolte et de revendications. Donc tant qu'il y aura des hommes, des histoires, de l'injustice… il aura des choses à dire. Maintenant tout n'est qu'une question de fond et de forme.

 

Il me semble que tu as passé une partie de ton enfance en Centrafrique. Est-ce que tu penses que ça te donne un autre regard sur la société française ou plus largement sur la vie ?

En effet. J'en parle dans le morceau « Qui il est ». Cette période est profondément ancrée en moi et constitue le socle de mon éducation. J'y ai connu et appris des choses qui m'ont construit. Malgré tout, c'est en France que j'ai vécu et vis principalement. J'ai grandi dans un melting-pot avec des français de toutes origines. Ma double culture, c'est vrai, me permet d'avoir un œil extérieur et deux angles de vue. Il y a du bon et du mauvais partout. Il ne suffit pas d'avoir un point de vue, encore faut-il pouvoir faire bouger les choses.

 

Ton premier album est plutôt éclectique et j’aurais envie de dire… très "musical". Comment as-tu travaillé avec FonkyTaff ?

Merci, je prends ça comme un compliment parce que c'est dans cette optique que l'album a été conçu. Fonkytaff est un génie ! Et comme beaucoup, malheureusement son talent tarde à être reconnu. On bosse ensemble depuis une quinzaine d'années et on le fait sans calculs. Lui est musicien de formation et moi, mon rêve a toujours été de rapper avec de "vrais" musiciens. C'est donc un échange constant entre nous. On se propose mutuellement des textes et des compos, et on les bosse à l'inspiration. Du coup ça donne "Paroles d'homme". On peut dire que c'est un album qui nous ressemble. Et aujourd'hui je réalise mon rêve grâce à BAND2FOUS, une poignée de zikos aussi barrés que talentueux.

 

Pas évident d’être un artiste émergent, tu y fais allusion dans le titre « Indépendants ». Est-ce pour ça que tu t’es inscrit à cette nouvelle édition d’Emergenza ?

« Indépendants » est un chant d'espoir inspiré de « La Marseillaise ». Aujourd'hui, il est clair que le talent seul ne suffit plus. Les D.A. (ndr : directeurs artistiques) et autres boîtes de prod’ ne font plus de développement d'artistes. Tout se résume au buzz. Il est donc très difficile d'exister en tant qu'indé. J'ai la chance d'être soutenu par notre label familial Neneh Muzik mais l'autoproduction a également ses limites. C'est là qu'Emergenza représente une réelle opportunité pour les "petits" comme nous. C'est mon frère Fazo – lui-même participant - qui m'a parlé de ce festival. En plus de l'opportunité de jouer dans des salles de concert de renom, il nous permet d'impliquer notre public et même d'en conquérir un plus large. Et pourquoi pas toucher des professionnels de la musique. C'est une vraie aubaine, un tremplin sur lequel on peut rebondir.

 

Savoir que tu as fait le meilleur score de l’année au premier tour, je suppose que c’est encourageant ?

Si c'est de l'année 2013, on va attendre un peu avant de se réjouir mais c'est sûr que ça donne envie de faire mieux. Ça veut dire qu'on a des gens derrière nous et qu'on a réussi à en toucher un peu plus. À nous d'en convaincre d'avantage au prochain tour. Et pour ça, je fais confiance à ma BAND2FOUS.

 

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Et bien du courage et du plaisir. Je me dis que le succès doit être mérité alors faut bosser. Je veux continuer à faire vivre ma musique. Souhaite-moi de pouvoir vivre d'elle !

 

Un dernier mot ?

Je dirais : « Moneh. Et même Moneh, Moneh, Moneh, Moneh, Moneh, Moneh, Moneh, Ligeh Moneh !!! » C'est comme ça que se fini notre set sur scène et tout le monde chante avec nous. C'est bien comme dernier mot non ?

 

Propos recueillis par Matthieu B. Michon


Ligeh Money et son Band2fous seront en concert le 31 mars prochain à La Scène-Bastille pour les quarts de finale d'Emergenza.

 

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