Quatrième album de ce gentleman sensible de la nouvelle chanson française, qui aime à se moquer de lui-même, du quotidien, de ses faiblesses, pour en tirer des instants délicats et attachants. Lui, loin de l’Apollon, les épaules « pas bien gaulées, pas baraquées » sait pourtant séduire par le mot juste, la phrase sans emphase. Si Albin de la Simone a changé de crèmerie, passant du label Cinq7 au très respectable Tôt ou Tard, il n’en a pas pour autant perdu son regard sur les difficultés d’être un homme de son temps. Sans tirer un trait sur l’homme, le vrai, le fantasmé, le héros, le frère, fauché à la guerre, « mort en plein air », c’est plutôt le regard triste de celui qui reste qui lui sert de terreau : le paumé, le pas-fier-de-lui, celui qui se remet en question, qui repense à ce qui c’était passé « Ici hier » puis se fait la réflexion qu’il « ressemble à mon père », perdue dans une crise de la quarantaine (« Ma crise ») qui lui tourne autour entre rêve, mélancolie et humour un peu désabusé. « Une fuite » avec le pianiste Alexandre Tharaud, un échange « Moi Moi » avec Emilíana Torrini, les guitares de JP Nataf, et on découvre Albin de la Simone en homme accomplit, la plume subtile.
Matthieu B. Michon
Albin de la Simone "Un homme" (Tôt ou Tard) - Sortie le 18 février 2013