Depuis qu’elle fait carrière en solo, Claire Diterzi (ex-Forguette Mi Note, ex-Dit Terzi) a su trouver un équilibre entre essence rock et une liberté de ton, de genre, qu’elle doit sans aucun doute à ses diverses expériences avec la danse, le théâtre, le cinéma… collaborant avec des artistes comme Philippe Decouflé ("Iris"), Anne Feinsilber ("Requiem for Billy the Kid"), Martial di Fonzo Bo ("Rosa La Rouge"). Un univers en marge des phénomènes de mode qui trouve pourtant toujours une justesse de ton, dans d’envoûtants voyages.
Ce fut le cas, en 2008, avec "Tableau de chasse" dont les chansons étaient inspirées par des tableaux signés Fragonard, Camille Claudel, Rodin… (lire la chronique). Peinture encore aujourd’hui, puisque le titre de ce nouvel opus est emprunté à une exposition qui s’est déroulée en 1863 au Palais de l’Industrie et qui proposait 3.000 œuvres refusées au Salon officiel de peinture et de sculpture, notamment le "Déjeuner sur l’herbe" de Manet.
Un titre féminisé, hommage à la vague qu’avait soulevé sa présence à la Villa Médicis certains estimant que la musique non savante n’avait pas sa place dans ce haut-lieu de la création artistique… Pied de nez donc puisque "Le Salon des Refusées" écrit pendant ce séjour est sans doute le travail le plus abouti de la chanteuse, à la fois multiple et mutant, entre ballades folk, senteurs médiévales, sonorités rock et simples délicatesses.
Claire Diterzi s’ouvre alors le champ des possibles pour poser une voix à la large palette. Tour à tour sensible et douce, chargée d’une force étrange, perchée, nasillarde, elle se laisse habiter par autant de personnages sans pour autant perdre la tête ou l’auditeur. "Le Salon des Refusées" est une expérience riche, esthétique, harmonique et harmonieuse… en un mot passionnante !
Matthieu B. Michon
Claire Diterzi "Le Salon des Refusées" (Naïve) – Sortie le 21 janvier 2013