Whit Weed est un groupe dans le sens premier du terme, c'est-à-dire une association de musiciens qui se réunissent dans une salle de répétition, branchent les amplis, retroussent les manches et roule Marcel. A l'heure du triomphe sans partage de l'electro-dub, on est toujours content de constater qu'il existe encore des téméraires pour livrer bataille sur le front du dub-rock avec leurs instruments pour seuls armes. La dénomination n'est pas galvaudée, la musique de Whit Weed tient réellement du rock; une guitare souvent saturée, une batterie volontiers martelée, des percus offensives et un saxo hystérique en témoignent, sans parler des hurlements de punk dégénéré qu'on peut entendre à l'occasion... bref, une énergie permanente sur CD, et on l'imagine, beaucoup de bruit sur scène. Du reste, on pense souvent à d'autres genres musicaux axés sur le live, ska, jazz, metal... mais les lignes des basses, les arrangements, et l'aspect instrumental omniprésent des morceaux rappellent que c'est bien de dub qu'il s'agit. Pour se faire idée, il faut imaginer un Zenzile à qui l'on aurait fait une piqûre d'EPO. Whit Weed, c'est du dub dopé, du "hardub", comme le précise clairement le nom de la première démo six titres du groupe, qui définit la charte d'un dub couillu et énergique, d'un dub de buveurs de bière plutôt que de fumeurs de joints, mais qui n'en est pas moins dépourvu de finesse. Les instrumentations sont précises, et le groupe déjà doté d'une forte personnalité, en partie liée à un percussionniste intégré au groupe en tant que membre à part entière, présent sur tous les morceaux, qu'il émaille de sons secs et claquants, leur conférant une touche d'exotisme délectable.