Il est toujours intéressant de pousser une porte pour voir ce qui peut se cacher derrière. Il en est de même (et peut-être même encore plus) en musique. Tendre l’oreille vers l’inconnu, passer les frontières de notre petit hexagone et surtout s’affranchir des scènes anglo-saxonnes pour poser son attention sur ce qui se passe parfois de l’autre côté d’un lac, d’une mer, d’une montagne.

C’est le cas aujourd’hui avec la chanteuse italienne Cristina Donà. Depuis le milieu des années 1990, celle-ci réalise une riche carrière transalpine dans un registre rock plutôt indé avec un timbre de voix grave qui donne sans aucun doute une identité forte à un répertoire riche, sans concession et sans cesse renouvelé, qui lui a notamment value la reconnaissance d’artistes tel que Robert Wyatt, David Byrne ou le producteur Peter Walsh (Scott Walker, Peter Gabriel, Alphaville…).

Elle poursuit aujourd'hui cette dynamique avec "Così Vicini", son septième album studio (si on exclue celui réalisé en anglais il y a tout juste dix ans pour le label Rykodisc), s’étant affranchie de la major chez qui elle était signée. Elle retrouve ainsi un espace de totale liberté que l’on peut entendre nettement dans les mélodies, que ce soit la montée de guitare d’ « Il senso delle cose » moins évidente qu’elle n’y paraît, ou cette ligne de piano tout en dissonances (« Perpendicolare »), travail réalisé en compagnie du musicien-producteur-arrangeur Saverio Lanza.

Pour autant, la voix de la signora Donà joue sur la douceur et la puissance, une dualité très attractive qui montre ici toute la palette des possibles dont dispose la chanteuse pour s’épanouir sans jamais se perdre dans l’expérimentation. Car c’est en effet là sa force : tout en étant « imprevedibile », ses chansons n’en demeurent pas moins très accessibles. Subtiles, chaque écoute permet d’en découvrir un peu plus la lumière. Entre délicatesse et intensité, l’ensemble donne un sentiment d’ailleurs, si loin… si proche !

Matthieu B. Michon

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