Alors qu’à Toulouse se déroulait la finale pour le Sud-Ouest, la première partie de la première finale nationale avait lieu ce samedi à Paris, au Bataclan. Onze groupes venus décrocher le précieux sésame : une place à la finale internationale qui se déroulera en Allemagne à la mi-août lors du Taubertal Festival. Vote du public qui présélectionne les groupes qui vont être soumis au jury composé de professionnels du monde de la musique. 

Nouveauté cette année, le jury (à l’instar de ce qui se passe dans de nombreux télé-crochets) donne son avis après le passage de chaque groupe. De quoi pour chacun repartir avec de vraies réponses sur le pourquoi de telle ou telle position au classement général, et surtout des clefs pour progresser.

Gros son pour débuter cette soirée avec le jeune quintet DecibHell qui pratique un rock métal plutôt conventionnel mais qui maîtrise clairement son set, alors qu’il n’est jamais évident d’entamer les hostilités. Le groupe, carré sur scène, marque par sa sobriété, ce qui est plutôt un atout dans un genre où le fait d’en rajouter est plutôt une caractéristique. « On reste dans le classique ? » (avec une reprise d’AC/DC)… Je confirme.

Moins évident pour The Forgotten Octopus dont le niveau d’instrument ne permet pas d’avoir l’assurance du groupe précédent. Un chant assez approximatif, des guitares qui aiment se mettre en avant. Un gros travail de répétitions reste encore à fournir pour maîtriser ces chansons. Seul point vraiment positif un batteur très assuré, sur lequel The Forgotten Octopus aura tout intérêt à s’appuyer.

Lauréat de la finale lyonnaise, The Surpr?se sévit à travers un rock assuré qui tire un peu vers le garage. Des chansons sont plutôt bien rodées et s’aventurent parfois au français sans trop avoir à rougir. Une bonne maîtrise de la scène, avec une vraie présence, qui leur a permis d’entraîner à Paris une partie de son public. A noter le bon style 70’s chic du basiste, cheveux longs et barbe assortie.

Interlude rock zombie pour Magoyond, invité hors compétition, qui maquillage de morts-vivants en avant, chante la désolation et l’apocalypse (of the dead) dans un rock énergique entre métal et cabaret rock, le tout dans la langue de… Molière qui doit être saisi, dans sa tombe, de soubresauts électriques.

Français toujours avec RK, combo qui dévoile à la basse, la première musicienne de la soirée. Un rock alternatif de ces nouvelles années de crise, tirant sur le métal pour un résultat malheureusement assez linéaire. Une sorte de Trust sans son côté antisocial, dont le chant éraillé n’aide pas forcément à rentrer dans ce style plutôt hermétique.

Nouvelle pause dans le concours avec Kopernic, autre invité de la soirée pour un mix reprises/compos bien senties et surtout l’envie d’en découdre sur la scène du Bataclan.

Reprise avec Muscle Beat Party qui donne au public encore clairsemé une belle énergie. Pas toujours très en place, le quintette gagnera à épurer ses compositions qui laissent entrevoir des choses plutôt intéressantes mais encore un peu brouillonne. Sa chanteuse, Judalein, malgré une réelle présence, doit encore travailler son potentiel vocal qui est parfois encore trop fragile, notamment sur les moments plus sensibles…

S’en suit NEKTAR qui voit la salle enfin se remplir. Originalité de ce combo parisien d’indierock plutôt pêchu : un flûtiste. Pas évident à sonoriser, il apporte malgré tout une vraie touche singulière à ces compositions originales riches. Très brouillon dans sa mise en place, un chant qui est clairement insuffisant, car encore trop timide, on sent néanmoins ici un groupe qu’il va falloir suivre de près. 

Testostérone à danser avec les nordistes d’Obsolete Radio qui met une claque non seulement au niveau de l’énergie aux autres groupes présents ce soir, mais également au niveau de la mise en place. Couillu et foutraque dans l’attitude, le quatuor originaire de Maubeuge a sans doute un côté plus brut, plus noise, que les Bloc Party ou autres Two Door Cinema Club, un peu comme s’ils s’étaient accouplés avec At The Drive-In. Quand on danse, on finit par sentir la sueur, ça colle aux poils, et c’est pour ça que c’est bon !

Malgré une expérience de la scène acquise au fil des années et une maîtrise technique qui ne peut être contestée, Zab and the Vik's pratique un rock "à papa" qui manque terriblement d’audace et d’originalité. La mise en danger fait sans aucun doute partie des bases d’un concours tel que celui-ci, et plus largement ce qui permet à un groupe d’exister sur scène en se singularisant. Pour le reste, il y a les bars…

Retour du métal dans une veine plutôt hard’n’heavy avec Raspy Junker. Chanteur en robe de bure ambiance côté obscur, bassiste enturbanné, là encore la technique instrumentale est au rendez-vous et c’est toujours mieux en le jouant un peu fort. Comme tout bon groupe du genre, son slow, « Paula », qui pourrait faire danser bien des couples lors de la prochaine boum du collège Saint-Baldaquin, avec son petit solo Hotel California. Rien de bien nouveau en somme mais fait avec dextérité et un intense sincérité, et c’est bien là l’essentiel.

Venus de Nice, more than monkeyz, poursuit dans cette ligne dure, un cran au-dessus, dans une veine qui tire un peu plus vers la fusion, tout en gardant une fibre rock/hardrock. Là encore une fidélité à un genre musicale, avec la manière, mais on attendrait un peu plus d’originalité. C’est sans doute ce que l’on pourra regretter de manière générale ce soir pour quelques formations à fort potentiel.

Et on ne change pas la formule pour finir. Mené par un chanteur barbu et charismatique (l’un n’empêche effectivement pas l’autre) et un sideband un peu plus anecdotique mais avec un très bon niveau d’instruments, Buzz On The Rocks laisse parler les guitares et la fougue, du côté d’un rock métallisant qui va néanmoins chercher des respirations dans qu’autres styles musicaux (punk, country, psychobilly), etc. Le résultat est costaud !

Gros son donc pour cette fin de concert qui a vu le public retenir 4 groupes :

Nektar, Zab and The Vick’s, Raspy Junker et Buzz On The Rocks qui seront soumis aux décisions du jury tout comme The Surpr?se, Obsolete Radio et More Than Monkeys déjà sélectionnés, ayant déjà remporté respectivement leur finale à Lyon, Lille et Nice.